Le temps était couvert depuis près de trois heures à présent. Le Dieu des Sables, qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que de se perdre sur toutes les routes du monde tenait entre ses mains une carte vieille d'au moins cent cinquante ans. "Une vraie merveille !" avait alors dit le marchant qui lui avait vendu ce document. Effectivement ... Salim avait été content de l'avoir ce jour-là. Sauf qu'il n'avait pas prévu une chose, et non des moindres : la carte n'était plus à jour. Il lui avait donc fallu tracer avec une plume de Dodo - il avait été surpris de voir que ces oiseaux existaient toujours - et de l'encre brune pour ne pas trop dénaturer la carte des routes qu'il avait empruntées. Sauf que ceci était tellement approximatif que Salim doutait fort qu'un jour il put se resservir convenablement de cette carte ... Il soupira. Si seulement il pouvait rencontrer là, tout de suite, quelqu'un ! ...

Espoir toujours d'avantage déçu lorsqu'il prenait un nouveau croisement. Finalement il pesta, lâcha un juron digne des plus vulgaires charretiers et s'assit sur le premier rocher venu. Si seulement il avait pu prendre avec lui son projecteur de carte holographique ! il aurait alors pu tracer les routes directement avec ce qu'il voyait, et cela se serait actualisé automatiquement ... mais voilà. Il avait, naturellement, supposé que cela ne lui serait d'aucun secours dans un monde qui paraissait être retourné à l'âge de pierre ... grave erreur !!!
Salim soupira puis se releva, bien déterminé à partir. Jusqu'à ce qu'un bruit le fît s'arrêter. Il se figea, tendit l'oreille et sourit lorsqu'il comprit que c'était des hommes. Autant aller les saluer et leur demander son chemin !

Il courut jusqu'à rencontrer quatre hommes, habillés de façon assez pouilleuse, l'un au teint très sombre, nez large et très grand. Un autre, plus petit, avec des yeux bridés et une moustache très fine; les deux derniers ressemblaient à des marins d'eau douces, des têtes de patibulaire classique et de gros bras sans cerveau. Salim en fut déçu, mais bon. Qu'avait-il espéré, au juste ?
Puis il se rendit compte qu'il y avait d'autres personnes prêtes à en découdre avec eux ... Il préféra attendre leur réaction, se demandant si les gens actuels savaient au moins ce qu'était une épée ...

Salim observa les deux hommes faire. Le premier, un jeune adulte plutôt charmant accompagné d'un petit félin ailé, attaqua le plus impressionnant des gardes à coup d'épée. Le coup était intéressant, bon coup d'estoc qui dénotait cependant un certain manque de maîtrise de son arme. Cependant le second homme, lui, transperça un autre des brigands tandis qu'un griffon attaqua le troisième. Salim soupira : il ne se serait lui-même absolument pas soucié des deux brutes épaisses, mais d'avantage de celui qui semblait provenir de l'Est du monde et de celui à la peau très sombre. Ces deux-là semblaient avoir beaucoup vécu. Peut-être que si Salim les payait bien, ils pourraient lui servir de guide ...
Le Dieu sourit, constatant avec une certaine joie que le maniement de l'épée n'était pas tombé totalement en désuétude. Cependant il aurait aimé voir comment ces hommes se débrouilleraient avec un sabre laser ou une bombe plasma. Ou tout simplement son pistolet à positrons. Cela aurait pu être drôle.
Salim sursauta lorsque celui aux yeux bridés courut vers lui. Vraisemblablement avoir pensé l'avait rendu négligent et lui avait faire du bruit. Du coup il jura, dégaina son arme d'un autre temps et tira avec. Puis il se dressa de toute sa hauteur et fit un sourire cruel au brigand. Si celui-ci en voulait encore, Salim se ferait une joie de lui faire goûter la puissance de l'Antimatière. Et si vraiment le bandit se débattait ... he bien le Dieu lui offrirait simplement l'occasion de devenir le premier Golem de Sable qu'il n'avait pas crée depuis longtemps ... du moins si sa magie le lui permettait !

Le Dieu des Sables fut frustré lorsqu'il vit sa proie se faire attaquer par l'homme en armure étincelante ... Méfie-toi des Paladins, ils sont plus sournois que la plupart des autres personnes et leur dévotion envers Ohrmazd est bien trop proche de l'Orweetchisme à mon goût! lui avait alors dit son ami ... Salim plissa des yeux pour mieux distinguer la forte silhouette de l'Adepte d'Ohrmazd. Son armure d'un argent pure renvoyait la faible clarté du jour. Ses cheveux bruns ondulés et son regard bleu, ainsi que les traits prononcés de son visage laissaient supposer à Salim que cet homme provenait d'une région non loin des Plaines entourant toute la région d'Arkados. Arkados ... Salim ne savait s'il devait aimer ce que fut la cité et haïr ce qu'elle devint sous la direction de la Reine, ou s'il devait tout simplement considérer la ville comme quelque chose née hors du règne de son ami.
Salim soupira et retira une nouvelle fois avec son pistolet à positronssur le quatrième brigand.
Puis le Dieu se retourna vers les deux hommes et leur fit une révérence qui lui était propre avant de se présenter.
- Enchanté de vous rencontrer voyageurs ! Il jeta un regard méfiant vers le Paladin, ayant eut la peur irrationnel que celui-ci ne l'attaquât par derrière. Mais il se reprit très vite et poursuivi : Je suis Salim El Azreth, du Désert de Maghört. Et il se trouve que je suis plutôt ... perdu.
Le Dieu des Sables prit une mine contrite et haussa les épaules en un geste de résignation. Que pouvait-il faire de plus à part demander son chemin ... mais pour aller où ? Que pouvait avoir d'intéressantes d'interminables plaines et des chemins caillouteux et sans autre intérêt que celui d'offrir des maux de pied incommensurables à celui qui ne portait pas de chaussures adaptées. Par chance ses bottes aux semelles épaisses lui permettaient d'éviter ce genre de désagrément ...
- J'en ai ras-le-bol de ce temps de chien ! , gronda-t-il alors qu'une bourrasque de vent frais le fit frissonner.
Chez lui, le vent était toujours synonyme de plaisir car il annonçait les tempêtes de sables. Mais ici, ce n'était rien de plus que la manifestation du plaisir pervers pris par les Dieux du Froid à torturer les pauvres âmes égarées en ces lieux décidément hostiles pour un homme du désert comme lui.
En plus, il n'avait rencontré pour l'instant aucune personne qui sût ce qu'était un pistolet à positron, un rayon gamma ou même un simple vaisseau de transport ... Il soupira de nouveau, frustré. Décidément rien n'allait comme il le désirait en ce moment, cela avait vivement intérêt à vite changer !